Villasavary (11) du 02/03/2024
Villasavary (11) 02/03/2024. 16 randonneurs, et un chien (Mikado). 17kms, dénivelé positif 370m.
Nous voici, avec plaisir, de nouveau dans l’Aude, cette fois-ci à Villasavary,
Il est 9h30. Equipés pour la randonnée, nous descendons doucement vers le bas du village, non sans avoir salué le retour de Sandra dans le groupe après plusieurs années d’absence.
Au bout de 600m, nous passons devant la « maison de la randonnée » dont la présence ici symbolise l’attachement de la commune à offrir au public la découverte de la nature environnante. En témoignent les divers sentiers proposés : Boucle historique du Lauragais, boucle des paysages, randonnée du Mont Carrière, randonnée des Canonges, sentier des orchidées.
Passant devant le stade Pierre Combes, nous atteignons bientôt un croisement. Nous avons parcouru 830m et il est 10h. Nous empruntons la voie de gauche, large et montante, présentant à son départ, sur sa droite, une vieille « tour » privée de sa partie haute. Un panneau nous informe : « un mât solide et des attaches latérales (haubans en fer), des restes de mécanique et de tuyauterie : cette « tour » portait autrefois une éolienne qui actionnait une puissante pompe à eau : grâce à elles les habitants de Villasavary ont bénéficié, dès 1879, de quatre bornes-fontaines situées dans le village. Un vrai progrès qui facilitait la corvée d’eau quotidienne en évitant le trajet jusqu’au pied de la colline. Elle fonctionnera plus de 25 ans, avant d’être détruite par un orage le 1er août 1904.» Ainsi, depuis toujours, l’eau c’est la vie !...
Laissant la tour, nous prenons la direction du piémont pyrénéen. L’air est vif, le soleil timide et le ciel moutonneux. Nous montons progressivement par une voie large qui, au bout d’1km500, nous met face à Villasavary dominée par son église. C’est l’occasion pour Denis de nous informer que Villasavary a la particularité d’avoir eu deux églises, l’église Saint-Jacques, et l’église Saint-Pierre. L’église Saint-Jacques couvrait la plus grande partie du village, et ses paroissiens venaient principalement du milieu populaire, tandis que l’église Saint-Pierre, qui couvrait pourtant un moindre territoire, était fréquentée par la bourgeoisie. Que croyez-vous qu’il arriva ? Malgré les protestations des paroissiens de l’église Saint-Jacques, un arrêté préfectoral du 26 octobre 1804, confirmé par un décret impérial du 10 janvier 1805, « sonna le glas de cette église». Et ce, semble-t-il, au motif (ou au prétexte ?) que l’existence des deux paroisses était perçue par les autorités comme créant une rivalité entre leurs paroissiens respectifs, rivalité supposée nuire à l’unité du village, et donc à l’ordre public. Rappelez-vous la fable « Les animaux malades de la peste » de Jean de la Fontaine (XVIIe siècle) : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »….
Cela dit, nous poursuivons notre chemin sur un espace ouvert, puis au bout de 2km200, nous bifurquons à droite, par un chemin plus étroit indiquant la direction de Montplaisir, (ce pourrait être de l’ironie, mais c’est un lieu réel), car il est abrupt et nécessite de beaux efforts. C’est notre premier contact avec le « Sentier des orchidées » qui est en quelque sorte notre « fil d’Ariane » pendant la quasi-totalité de notre randonnée. Il nous fait cheminer des coteaux du Mont Carrière à ceux des Canonges, à travers collines et vallées. Il offre une variété de paysages et de sentiers étroits ou larges, tantôt en sous-bois, tantôt en forêts, tantôt près de zones cultivées, ou dans des vallons herbeux. Des panneaux spécifiques disposés tout au long du sentier nous informent sur les différentes espèces de ces orchidées sauvages, dont nous ne voyons pourtant pas la couleur, car le temps de leur éclosion n’est pas encore venu.
Le mont Carrière, justement, nous l’atteignons vers 11h, au bout de 3km 700 environ. Et là, belle surprise, il nous gratifie d’une vue à 360° sur les alentours. C’est le point culminant de la randonnée (altitude 322m). Quatre tables d’orientation évoquant chacune une saison nous donnent des informations sur les paysages environnants, depuis les collines de la Piège, jusqu’aux Pyrénées lointaines au-delà de Fanjeaux, jusqu’au Pech de Bugarach de fameuse renommée (la fin du monde… etc.) Quelques paroles de terroir agrémentent ces tables : ainsi, par exemple, pour le printemps, dit « le temps du renouveau » : « jamais pluie de printemps ne passera pour mauvais temps » ou pour l’été, dit « le temps des moissons » : « juillet ensoleillé remplit caves et grenier » ; et pour les mêmes saisons, ces paroles de troubadour : pour le printemps, « par la douceur des temps nouveaux, feuillent les bois et les oiseaux, chantent chacun dans son latin, suivant le vers d’un nouveau chant » (Guilhem de Peitus,1071-1126) ; pour l’été : « la joie commence en un beau mois, dans la meilleure saison de l’an, quand les oiseaux mènent leurs chants, avec le doux temps de l’été » (Arnaud de Tintinhac …1150). Mais, cela, c’était à la fois il ya longtemps, et pas si longtemps non plus, au regard du dérèglement climatique qui sévit de nos jours !!! Que sont nos saisons devenues ?....
Quittant ce point de vue au bout de vingt minutes, nous redescendons par un large chemin, toujours sur le sentier des orchidées, en direction des Canonges. Au loin, la brume efface un peu le paysage. Vers 11h45, après 5km540, nous sommes en bas d’un chemin herbeux étroit en sous-bois, nous bifurquons au panneau « les Canonges ». Il jouxte un panneau « Boucle des paysages », présentant la faune du bois des Canonges. A 11h57, nous empruntons un chemin montant, de nouveau étroit. Il nous remet sur la boucle de Mont Carrière, puis nous nous posons dix minutes à mi-chemin. C’est ici l’occasion de saisir en photo la silhouette en fer représentant Théodore Denille, portant un panneau explicatif ayant pour thème « Plein champ sur l’Agréable » avec en sous-titre : « un ancrage humain millénaire ». L’Agréable est une colline avoisinante. Elle a fait l’objet de fouilles archéologiques, et le panneau nous dit : « Le site recèle des vestiges d’époque protohistorique, témoins d’une installation humaine ancienne dans les collines de la Piège. » Soit, pour l’Agréable, c’est clair. Mais qui est Théodore Denille, dont nous rencontrons désormais la silhouette figurative en fer et son panneau explicatif tout au long du chemin ? Patience, nous le saurons bientôt.
Vers 12h20, 6km660 ont été effectués. Nous bifurquons sur la boucle de Besplas. Le vent se fait plus fort sur ce plateau. Après 300m environ sur une route bitumée, nous tournons à gauche sur un chemin assez large, avant de prendre un sentier étroit qui nous fait descendre vers une route départementale que nous abordons après 8km400. Elle nous mène à la chapelle Saint-Martin de la Salle, dite de Besplas : nous avons parcouru 9km700 et il est 13h10. Nous nous installons confortablement à l’abri de la chapelle, pour la plupart adossés à son mur. Un soleil toujours timide, mais présent, nous accompagne tandis que le vent souffle de plus en plus aux alentours.
Cette chapelle, aujourd’hui classée monument historique, mérite que nous nous y attardions. Nous n’en disons ici que quelques mots, les détails étant fournis par les panneaux explicatifs (cf. Annexes) installés près du monument par la commune de Villasavary. En résumé, la chapelle « s’élève sur une petite éminence proche des collines de la Piège, probablement sur les lieux d’un culte plus ancien. Son existence est établie depuis le haut moyen âge (XIIe siècle) ». Mais elle a connu des hauts et des bas tels que ceux-ci : « une certaine désaffection au milieu du XIVe siècle après la croisade des Albigeois, puis une première restauration au début du XVe siècle, une renaissance au début du XVIIIe siècle, et un nouvel abandon à la fin de ce même siècle. Après la révolution, la paroisse de Besplas, dont elle dépendait, disparaît, car elle est rattachée à Villasavary. La chapelle est abandonnée et le conseil municipal du village envisage même de la vendre en tant que carrière de pierre… ! Sans suite, faute d’acquéreur» ….heureusement ! Mais, pour elle, de meilleurs jours s’annoncent. « Devenu domaine agricole, en 1822 l’ancien village de Besplas devient la propriété de Jean-Baptiste Denille, grand propriétaire terrien et maire de Bram. En 1827, il cède le domaine à son fils Théodore. » Le voici donc le fameux Théodore évoqué ci-dessus! « Brillant polytechnicien, mais passionné par les sciences de la terre et attaché à son Lauragais natal, il démissionne de l’armée et crée une des premières écoles agricoles de France à Besplas. » Parallèlement, ayant perçu la valeur patrimoniale de la chapelle sise sur ses terres, il la fait restaurer. Et c’est sans doute en hommage à cette action et à sa participation à la valorisation de la région par sa création d’une ferme-école avant-gardiste qu’il semble être devenu, à travers sa représentation en fer, le porteur d’informations auprès des randonneurs d’aujourd’hui !
Nourris de toute cette histoire et de notre déjeuner (oh là ! un quasi zeugme ici !), c’est vers 14h que nous quittons ce charmant lieu. Il nous reste environ 7km à parcourir. Le vent se manifeste avec plus de force qu’au moment du repas. Mais nous sommes courageux et nous revenons un moment sur nos pas par la route. Puis nous bifurquons à 14h25 sur un chemin en sous-bois, il est pentu et vers 14h50, nous parvenons à une clairière où nous reprenons notre souffle et des forces : nous sortons ici d’une partie de « la boucle historique ». Nous avons parcouru 13kms. A 15h05, nous poursuivons notre chemin en sous-bois. Il descend et nous rejoignons un espace ouvert. A 15h50, après tâtonnements, nous trouvons le chemin d’accès au « Pech de Vento Farino », dernière étape marquante pour nos mollets et nos genoux fort sollicités ce jour. En effet, la montée vers le Pech est abrupte et sa descente ne le sera pas moins bientôt. Mais entretemps, au sommet du Pech nous sommes heureux , car la vue sur les Pyrénées et sur les contreforts de la Piège est magnifique. Nous avons marché 14km700, et il est 16h.
Enfin, nous descendons du Pech et nous sommes sur la plaine. Nous voyons Villasavary qui s’avance vers nous (lubie ou mirage ?), et un dernier effort nous est demandé pour monter dans le village où nous nous dirigeons vers le « Moulin de Roques », non sans être passés, à 16h40, devant « La pierre gravée de la maison Lamarque, apposée sur sa façade en souvenir d’une épidémie, « la suette, dont Villasavary fut victime au XVIIe siècle ». Un panneau nous dit ceci : « Caractérisée par de fortes fièvres, et un état d’épuisement pouvant entraîner la mort en quelques jours, imprévisible, cette maladie était crainte comme la peste. Pour prévenir son retour, les habitants et le curé restaurèrent une ancienne croix en aval de la porte Saint-Jacques. La dalle ici gravée en atteste». Ah, si, nous aussi, nous avions pu restaurer une ou plusieurs croix récemment, nous aurions peut-être évité l’épidémie du covid19, les moments anxiogènes et toutes sortes de mesures contraignantes ! Mais avons-nous la même foi que ces anciens ?!
Enfin, passons. C’est le mot car il nous faut trouver le Moulin. Ca y est, nous le trouvons. Il est en bas du village, exposé au vent, comme naturellement sa fonction l’y contraint. Un panneau de l’association du patrimoine historique et culturel de Villasavary nous informe : « ce moulin s’est arrêté de tourner en 1947. Il était propriété de la famille Pelouse-Roques dernier meunier qui a accepté de céder à la commune en 1972, par bail de 99 ans, ce « patrimoine » on ne peut plus glorieux. Il a été restauré en 1973. » Une plaque commémorative apposée sur le moulin indique : « Emile Roques, dernier Meunier, 1905-1978. »Ayant ainsi rendu hommage au père Emile, nous reprenons nos bâtons pour remonter dans le village. Nos fameux mollets s’y résignent : ils sont bien obligés, mais aussi heureux, les pauvres, car il s’agit de retrouver le confort des voitures.
Nous parvenons au parking aux alentours de 17h après 17kms de marche. Malheureusement, il n’est pas possible de débriefer cette belle randonnée ici, faute de lieu d’accueil. Aussi partons-nous pour Toulouse vers 17h15 après un dernier salut adressé aux randonneurs proches.
Cliquer sur photos pour les télécharger avant le 30 avril PHOTOS
Clermont le Fort 13/03/2021
C'est une quinzaine de randonneurs masqués qui se sont retrouvés à LACROIX FALGARDE pour une...
St-Ferréol 08/05/2021
21 randonneurs à deux pattes et 1 randonneur à quatre pattes :15, 906kms ; dénivelé positif de...
Cologne le 12/06/2021
11 juin 2021 Cologne (32). 14 randonneurs à deux pattes et 1 randonneur à quatre pattes Mikado:...
Saint-Nicolas de la Grave le 23/10/2021
23 octobre 2021 Saint-Nicolas de la grave (82). 27 randonneurs à deux pattes et un randonneur à...
Castanet (81) 20/11/2021
20 novembre 2021 Castanet (81) à 11 km au nord-ouest d'Albi. 18 randonneurs à deux pattes et un...
Mirepoix-Lagarde (09) 18-12-2021
16 randonneurs à deux pattes et 1 randonneur à quatre pattes (Mikado) 16kms400, dénivelé positif...